Le Black Friday

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Entre consumérisme
et stratégies marketing

Actus / Communication / Marketing

Chaque année, à la fin novembre, c’est le même rituel : des promotions à couper le souffle, des files d’attente interminables et des sites e-commerce surchargés. Bienvenue dans la jungle du Black Friday. Mais pour nous, les pros de la communication, ce n’est pas (seulement) une histoire de shopping : c’est une leçon de stratégie marketing à ne pas louper !

Mais d’où vient cette célèbre journée, et pourquoi connaît-elle un tel succès ?

Petit cours d’histoire : pourquoi Black ?

À la base, le Black Friday n’a rien de festif. C’est un phénomène qui est né dans les années 1960 à Philadelphie, et au départ c’était pas un surnom très flatteur. Les policiers l’utilisaient pour décrire la folie des rues bondées post-Thanksgiving. C’est seulement plus tard que le nom prend une tournure plus « business-friendly ». Les commerçants ont rebrandé le concept pour y ajouter une touche plus lucrative : « Black Friday », ce fameux vendredi qui marque le passage des pertes (« dans le rouge ») aux profits (« dans le noir ») dans les registres comptables. Malin, non ?

Thanksgiving : la rampe de lancement du shopping de Noël

Historiquement, Thanksgiving marque le coup d’envoi des fêtes aux États-Unis. Dès la fin des années 1800, les grands magasins organisent des parades pour célébrer l’occasion (petit clin d’oeil aux défilés Macy’s de New York !). La tradition voulait que les soldes de Noël débutent juste après Thanksgiving… une occasion parfaite pour les commerçants d’attirer les clients.

Dans les années 1940, le président Roosevelt a même décalé Thanksgiving d’une semaine (scandale !) pour prolonger la saison des achats. Une décision qui a fini par standardiser la date du Black Friday : le vendredi suivant le quatrième jeudi de novembre.

Concepts ambitieux

Aujourd’hui, c’est bien plus qu’un simple jour de solde : c’est une date clé qui marque le début dela saison des fêtes de fin d’année et le lancement des campagnes marketing les plus ambitieuses.

Tenez Patagonia par exemple, oui vous savez la marque de prêt-à-porter pionnière dudéveloppement durable et acteur majeur dans la protection de l’environnement. Et bien en 2011 lors du Black Friday, la marque lançait une campagne de pub visant à dénoncer la surconsommation et l’impact environnemental de l’industrie de la mode. Publié dans le New York Times, une pleine page présentait une de leurs vestes les plus populaires, avec en titre provocateur : « Don’t Buy This Jacket ».

Les résultats de la campagne sont à l’image de son message : un carton plein ! En disant aux gens de ne pas acheter, Patagonia a réussi à décrocher la une des médias, à rendre ses clients encore plus fans et – ironie du sort – à booster ses ventes. Preuve que parfois, dire « non » au shopping, c’est le meilleur argument pour remplir son panier.

Dans la hype du Black Friday on retrouve le géant de la miniature : Lego

Pendant que tout le monde s’agite pour offrir des réduc’ de dingues, Lego a choisi une autre stratégie : pas de soldes, mais de l’exclusivité. Chaque année, la marque propose des sets collector disponibles uniquement ce jour-là. Le génie ? Créer une ruée sur ces pièces rares sans sacrifier ses marges.

Résultat : les fans se battent pour les éditions limitées, Lego reste fidèle à son image premium, et le Black Friday devient une chasse au trésor… en petites briques.

Et du côté de nos deux concurrents préférés ?

En 2018, Burger King a donné un coup de génie au Black Friday avec sa campagne « Whopper Detour ». Le concept : l’enseigne a offert un Whopper à 1 cent… mais à une condition : il fallait être à proximité d’un McDonald’s pour en profiter. L’idée était simple : si vous vous trouviez près d’un McDonald’s et que vous commandiez un Whopper via l’application mobile de BK, vous pouviez obtenir ce burger pour seulement un centime.

Le génie ? Burger King a osé défier son concurrent direct en utilisant sa propre technologie pour détourner les clients de McDonald’s et en prime, l’entreprise a également boosté l’utilisation de son application mobile, ce qui leur a permis de collecter une mine de données sur les habitudes de leurs clients.

Donc cerise sur le burger, tout le monde a fini par se rendre compte qu’en plus de la promo, c’était une super stratégie et la campagne a fait un buzz énorme !

ET CÔTÉ CHIFFRE ?

Le Black Friday, c’est aussi une montagne de chiffres. En 2016, 100 millions d’Américains se sont précipités dans les magasins, tandis que 7,9 milliards de dollars ont été dépensés en ligne. Et ça continue de grimper, boosté au quotidien par nos pubs préférées. En France, en 2022, on a atteint 6 milliards d’euros. Une somme de fou pour une tradition récente, non ? C’est d’ailleurs dans cette effervescence de consommation que des marques comme Burger King et Patagonia ont su faire parler d’elles, en proposant des campagnes aussi décalées que stratégiques, prouvant qu’il ne s’agit pas toujours de vendre plus, mais de marquer les esprits.

Un phénomène culturel mondial

Bref, en un peu plus de 50 ans, le Black Friday a fait un sacré bond – de chaos routier à événement incontournable. Entre consumérisme à gogo et stratégies marketing un peu dingues, cette journée est un vrai reflet de notre époque. Génie commercial ou folie collective ? En tout cas, difficile de dire non à une bonne affaire…

Enora Bazire

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